Un hôpital psychiatrique de Zhumadian, dans la province du Henan (centre), a été condamné par la justice chinoise, ce 26 juin, pour avoir contraint un patient homosexuel à subir un « traitement », notamment médicamenteux, censé le « guérir ».
M. Yu, aujourd’hui âgé de 38 ans, avait été interné de force dans l’établissement en octobre 2015 par sa famille, peu après avoir révélé son homosexualité à son épouse et demandé le divorce. Il avait alors été diagnostiqué de « problèmes d’orientation sexuelle », et l’hôpital avait refusé de le laisser sortir malgré ses demandes expresses.
Les « thérapies de conversion » sont considérées comme non-scientifiques et inefficaces par les experts. Mais elles restent proposées par d’innombrables cliniques dans le pays.
Outre les excuses publiques, l’établissement devra également verser au plaignant 5.000 yuans (647 euros) de dommages et intérêts.
La Chine a pourtant retiré en 2001 l’homosexualité de sa liste des maladies mentales. Mais les LGBT y font toujours l’objet de discriminations et d’intenses pressions familiales.
M. Yu avait raconté son calvaire l’été dernier à l’AFP. Sanglé pendant presque 20 jours à son lit, il avait dû absorber un cocktail de pilules. Des employés menaçaient même de le frapper s’il refusait de les ingérer.
Un témoignage confirmé par la justice : M. Yu a été « traité contre son gré pendant 19 jours », via des pilules, dont des antidépresseurs, et des injections, indique le verdict. De son côté, l’hôpital a avancé devant la cour que l’homme « présentait des tendances à l’anxiété et (était) susceptible d’être dangereux pour lui-même ». Des arguments démontés par le tribunal, pour qui rien ne justifiait de priver M. Yu de sa liberté.
« Ce verdict revêt une grande importance pour les homosexuels car aucune loi n’offre de protection » contre ces traitements forcés, a indiqué à l’AFP Peng Yanhui, directeur de l’ONG chinoise LGBT Rights Advocacy China.
Dans une affaire similaire, en décembre 2014, par un jugement inédit, un tribunal pékinois avait condamné une clinique de Chongqing (sud-ouest) pratiquant des traitements censés « corriger » l’homosexualité. L’établissement avait dû indemniser Yang Teng, un jeune homme traumatisé par les électrochocs administrés sur ses parties génitales.
Mais en dépit de cette condamnation, des cliniques de Chongqing continuaient mi-2016 d’agir en toute impunité, utilisant électrochocs, camisoles, confinement et même castration chimique, avait constaté l’AFP lors d’une enquête sur place.