Le texte, qui avait été adopté en première lecture par l’Assemblée le 12 février, doit retourner ce mercredi 17 avril à l’Assemblée nationale pour une deuxième lecture et une éventuelle adoption définitive.
Le gouvernement, saluant le vote du Sénat, a avancé la date de retour du texte à l’Assemblée, soulignant que « les débats sur ce texte durent depuis plus de six mois ». « Le débat démocratique a eu tout le temps nécessaire pour s’exprimer. Il a occupé les deux Assemblées pendant plus de 100 heures chacune », note le patron du PS à l’Assemblée, Bruno Le Roux.
Les sénateurs ont voté à main levée à l’issue de plus d’une semaine de débats intenses et parfois virulents. La défection de quelques rares élus de la majorité a été compensée par les votes de plusieurs élus UMP et UDI en faveur du texte.
Le premier article, le plus important, qui ouvre le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, a été voté « conforme », c’est-à-dire dans les mêmes termes qu’en février lors de la première lecture à l’Assemblée nationale. Sauf surprise, cet article est donc définitivement adopté.
Pour que la position des sénateurs absents dans l’hémicycle au moment du vote puisse être connue, tous les groupes ont demandé que soit publié au Journal officiel le détail des intentions de vote de chacun de leurs membres. La gauche sénatoriale PS, PCF, écologiste, RDSE (à majorité PRG) a soutenu le texte, tandis que l’UMP et les centristes (UDI-UC) ont longuement bataillé contre. Cependant à droite comme à gauche des voix divergentes se sont exprimées, notamment Chantal Jouanno (UDI-UC) qui a appelé à voté pour ou Nicolas Alfonsi (PRG) contre.
« Il y a en chacun d’entre nous une émotion profonde qui emplit l’hémicycle lui-même et nous ressentons le climat qui nous enveloppe en ce moment. Vous avez renforcé le pacte républicain, nous reconnaissons simplement la pleine citoyenneté des couples homosexuels », a déclaré la garde des sceaux Christiane Taubira à l’issue du vote. « La fierté nous envahit avec ce vote qui fait avancer la société », a renchéri le patron des sénateurs PS, François Rebsamen. Le groupe écologiste a salué dans un communiqué « la première avancée sociétale de ce mandat ».
« Vous ajoutez une rupture sociétale à une crise sociale, ne croyez pas que le vote de la loi n’effacera pas cette rupture », a a contrario averti l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
« Cette loi est une tromperie, qui va légaliser une fraude car au bout il y a la GPA (gestation pour autrui, NDLR). C’est une injustice pour les enfants qui ne connaitront ni papa ni maman, ce double visage de l’humanité » a protesté l’ancien villiériste Bruno Retailleau (UMP). L’égérie des opposants au mariage homosexuel Frigide Barjot a d’ores et déjà appelé à une nouvelle manifestation nationale le 26 mai.