Un maire opposé au mariage gay : « Je continuerai à déléguer »

La décision des Sages du Conseil constitutionnel est tombée, vendredi 18 octobre : les maires opposés au mariage gay ne pourront pas invoquer la clause de conscience pour se soustraire à ces célébrations. Une déception pour les « anti » revendiqués, qui assurent cependant que cette décision ne changera pas grand chose à leur façon de faire.

« François Hollande n’assume pas ce qu’il a dit il y a un an »

« C’est une déception », réagit Philippe Brillault, maire du Chesnay, dans le département des Yvelines, joint par FRANCE 24. « La vraie question c’est : la décision la Conseil constitutionnel est-elle juridique ou politique ? À mon avis, elle est politique », juge-t-il, avant de rappeler qu’en novembre 2012, le président François Hollande avait promis qu’une liberté de conscience serait respectée pour les maires opposés aux mariages entre personnes du même sexe. « Aujourd’hui, on se rend compte que le président n’assume pas ce qu’il a dit ». L’élu UMP pointe d’ailleurs la stratégie politique maladroite du président à quelques mois des municipales : « Cela renvoie une mauvaise image de la République, dont nous, les maires, sommes considérés comme les larbins ».

Déçu, M. Brillault, qui est également porte parole du collectif anti-mariage gay La Manif pour tous (LMPT), regarde cependant vers l’avant : « Nous allons continuer à gérer nos obligations mais nous poursuivrons également notre combat contre l’État », poursuit-il. Dans la commune du Chesnay, depuis l’adoption de la loi, un seul mariage entre homosexuels a été célébré, par un conseiller municipal.

« La décision est logique, mais ma position ne change pas »

Pour Daniel Bakalem, aux commandes de la ville de Montclus, dans le Gard, cette décision ne révolutionne rien. Ce farouche opposant à la loi Taubira l’a répété maintes fois : il ne célèbrera pas ce genre d’unions. « Ma position n’a pas changé, je continuerai à déléguer », confie-t-il à FRANCE 24, quelques minutes après l’annonce des Sages.

S’il reconnaît que cette décision est « logique », ce dernier campe sur ses positions : « Nous sommes les représentants de l’État, nous devons respecter la loi, mais cela ne m’empêche pas d’avoir mes opinions personnelles ». L’élu continuera donc de déléguer sa responsabilité à l’un de ses conseillers « volontaire » en la matière. « Si j’avais été obligé de célébrer ces mariages moi-même, j’aurais été prêt à démissionner », envisage-t-il.

« Je dirai que je suis absent de la commune ou malade »

Jean-Louis Banino, maire des Angles, dans les environs d’Avignon, apparaît, lui, plus modéré : « Je suis opposé à cette loi mais à partir du moment où elle est promulguée, elle s’impose à tout le monde ». Lui aussi entend déléguer sa responsabilité à un adjoint, même si ce cas de figure ne s’est pour l’instant jamais présenté. « Si un mariage gay doit être célébré, je dirai que je suis éloigné de la commune à ce moment-là, ou que je suis malade, cela ne posera aucun problème », affirme-t-il.

Pourtant, résigné, cet élu UMP concède : « Si je n’avais pas de conseillers municipaux sur lesquels me reposer, je célèbrerais ces unions moi-même, je n’aurais pas le choix. En tout cas, je ne pense pas que j’aurais démissionné pour cette raison, il y a tout de même des choses plus importantes dans la gestion d’une ville ».

La décision du Conseil constitutionnel confirme la circulaire du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, datant du 13 juin. Celle-ci rappelle que les élus refusant de célébrer un mariage gay risquent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Avant que les Sages ne tranchent, le Collectif des maires pour l’enfance, opposé au mariage gay, avait déjà annoncé qu’il se tournerait vers la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) s’il n’obtenait pas satisfaction.

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Par Charlotte OBERTI
france24.com