Un nouveau regard sur les trans’ grâce à une étude faite par des trans’

C’est une première en Europe. Plusieurs associations britanniques – la Scottish Transgender Alliance, l’organisation TransBareAll, le Trans Resource and Empowerment Centre et le Traverse Research – se sont associées à l’université de Sheffield Hallam pour se pencher de façon complète et détaillée sur la vie des trans’. Interrogé-e-s sur leur vie et leur parcours, près de 900 trans’ y dévoilent leurs difficultés, mais aussi leurs joies. 70% des sondé-e-s qui ont subi une transformation disent ainsi être plus heureux/ses une fois opéré-e-s, tandis que 2% affirment le contraire. Pour cette minorité, la perte de leur emploi, de leurs ami-e-s, de leur famille, ou les désagréments liés aux opérations chirurgicales ont pris le dessus sur les avantages de la transformation.

88% DES TRANS’ ONT SUBI DES PHASES DE DÉPRESSION
L’opération de changement de sexe a suscité de l’appréhension pour une vaste majorité des transsexuel-le-s interrogé-e-s. 81% craignaient que leur corps soit moins attirant, par exemple. Il faut dire que 88% ont subi des phases de dépression. À peu près autant (90%) ont entendu dire que les personnes trans’ n’étaient pas «normales». Par peur, la moitié des trans’ de l’étude évite les toilettes publiques ou les salles de sport. Un quart ne fréquente pas les magasins de vêtements tandis qu’un peu plus d’un tiers des sondé-e-s a reçu des menaces ou des intimidations.

La violence à l’égard des trans’ semble généralisée. 14% ont été harcelé-e-s par la police, à peu près autant (13%) ont subi une agression sexuelle, tandis que 6% ont été violé-e-s. Pour 16% d’entre eux/elles, c’est leur conjoint-e qui est ou était à l’origine de violences. Dans un tel climat, on s’étonne à peine d’apprendre que 62% des sondé-e-s éprouvent des problèmes de dépendance à l’alcool. Point commun pour quasiment la moitié d’entre eux/elles: enfants, ils/elles ont été victimes de violences. Autre point marquant: 19% des sondé-e-s révèlent avoir été des sans-abris à un moment de leur vie.

UNE AMÉLIORATION DU BIEN-ÊTRE MENTAL
Pour celles/ceux qui ont choisi de recourir à la chirurgie (aussi minime l’opération soit-elle), cela marque souvent un progrès dans leur existence: les trois quarts ont remarqué une amélioration de leur bien-être mental. Et si 84% d’entre eux/elles ont à un moment songé au suicide (35% l’ont tenté au moins une fois), à peu près autant (81%) ont eu le sentiment d’avoir «gagné» quelque chose en exprimant leur véritable identité de genre (confiance en soi, nouveaux amis etc.). L’étude nous apprend par ailleurs que le principal regret des trans’ interrogé-e-s est de ne pas avoir été opéré-e-s plus tôt. L’étude rappelle toutefois que certains désagréments sont à prévoir: la perte de sensibilité ou d’éventuelles complications chirurgicales ont entraîné des difficultés pour beaucoup. La plupart ont également dû faire face à l’abandon d’amis et à l’éloignement de membres de leur famille.

Les auteur-e-s de ce rapport espèrent qu’il servira de base aux pouvoirs publics pour corriger et améliorer leur approche envers les trans’. Le développement de centres alternatifs où la communauté trans’ a son mot à dire est également préconisé.

source:yagg.com