Le père Marie-Bernard, non reconnu par l’Église de Rome du fait de son orientation sexuelle, estime qu’en ouvrant le mariage aux couples homosexuels, ces derniers perdront leur « liberté en s’enfermant dans un système ».
Il est prêtre, homosexuel et contre le mariage pour tous. Bernard Duvert, plus connu sous le nom de père Marie-Bernard, cultive sa différence. Mis au ban de l’Église pour avoir reconnu son homosexualité, celui qui se présente aujourd’hui comme un « prêtre freelance » refuse de voir les homosexuels se marier. La raison ? L’homosexualité est avant tout un « amour d’exception », un « art de vivre » qui ne doit pas se vivre dans le statut de la famille « si l’on ne veut rien changer à la nature homosexuelle ».
« Je ne suis pas favorable aux sacrements du mariage », explique Bernard Duvert. « Je ne vois pas l’intérêt de tout cela. L’amour est le pivot central de l’homosexualité, c’est une Mémoire privilégiée avec notre origine », poursuit l’auteur de « Rose soutane », paru en 2006.
Ce sexagénaire aujourd’hui établi à Caussade, près de Montauban (sud de la France), a découvert sa vocation très tôt, à l’âge de six ans. « Je suis né avec une hostie dans la bouche », s’amuse-t-il. « Je n’ai pas fait le choix du sacerdoce pas plus que de ma sexualité. Les choses se sont imposées à moi ».
Ordonné prêtre en 1979, à l’âge de 28 ans, Bernard Duvert connaît des débuts difficiles. Face à son homosexualité assumée, Rome décide de ne pas le reconnaître comme prêtre « licite ». Qu’à cela ne tienne. Le père Marie-Bernard décide de « puiser dans ses intériorités » et de « combattre le système » d’une Église reposant sur « la frustration et l’hypocrisie ». « Je refuse son intolérance, son sectarisme, son dogmatisme », lance-t-il en précisant que « 70 % des prêtres sont homosexuels ».
« Nous allons créer la pire génération d’homophobes »
Théologien, écrivain, peintre contemporain… il définit l’homosexuel comme un être doté d’ »une part de masculinité et de féminité mais où la féminité prime ». Cette « exceptionnalité », sorte de « grâce mystique » qui lui confère sa double nature, lui donne donc « une relation privilégiée avec sa nature originelle ». Pourquoi alors vouloir renoncer à « une relation d’exception » pour rentrer dans un cadre normal d’une famille ? « En dehors de la seule raison du droit social, rien n’en justifie son éthique ».
Bernard Duvert se défend pourtant de partager le point de vue de l’Église sur le mariage pour tous. « Je n’accepte pas les arguments intolérants de l’Église qui mène un combat homophobe. L’amour n’existe pas que dans la famille et la procréation. Si l’on marie les homosexuels, cette liberté va devenir une contrainte. On aurait dû améliorer le Pacs ».
L’iconoclaste va d’ailleurs plus loin. Pour Bernard Duvert, les homosexuels ne devraient pas avoir d’enfants. « C’est très dangereux. Nous sommes gouvernés par le principe binaire – le masculin et le féminin – et un enfant a besoin de l’amour d’un homme et d’une femme. Si nous leur imposons l’un ou l’autre, nous allons créer la pire génération d’homophobes », lâche-t-il.
Source : france24.com