Joe Dill, conseiller municipal de Greenville, en Caroline du Sud, aux États-Unis, ce mardi 3 mars, a fait obstruction à un vote sur l’abrogation d’une résolution datant de 1996, et qui déclarait que « les modes de vie préconisés par la communauté gay étaient incompatibles avec les normes souscrites par la société », et dans sa foulée, demandé la tenue d’un référendum visant à pérenniser cette mesure discriminatoire dans le temps.
Les votants y seraient interrogés sur leur soutien à ces « valeurs communautaires ».
Si Joe Dill parvient à mobiliser les électeurs, cela établirait Greenville comme une « zone libre de toute idéologie LGBT+ » comparable à celles de Pologne, où les autorités locales s’engagent à ne pas travailler ni fournir notamment d’aide financière aux ONG qui supportent les droits des personnes LGBT+.
Ces ordonnances, déjà adoptées par une centaine de comtés et municipalités polonaises, couvrant désormais près d’un tiers du territoire, ont été condamnées par le Parlement européen dès décembre 2019, ainsi que la communauté internationale LGBT+, dont les associations françaises. Elles ont d’ailleurs exhorté en février dernier le président Emmanuel Macron à dénoncer la situation… sans succès.
Selon la presse locale, ce nouveau référendum proposé par Joe Dill aurait néanmoins enflammé le comté.
Le président du Conseil, Butch Kirven, favorable à l’abrogation de la résolution homophobe, s’est fermement adressé à la foule après le vote mardi, rappelant que « les valeurs et les normes communautaires sont aussi importantes aujourd’hui qu’elles ne l’ont jamais été, et ne pourraient être instaurées par la loi ni imposées par un gouvernement ».
« Elles doivent être nourries par les gens eux-mêmes. Tout le monde a la possibilité de rechercher et s’efforcer à la réalisation de ses propres idéaux de vie, de liberté, en quête du bonheur, et ce conseil de comté ne pourra rien y changer ».
Il a conclu en soulignant l’absence de responsabilité des conseillers municipaux à établir « les normes communautaires » du comté de Greenville, qui sont selon lui de l’ordre des « responsabilités individuelles », a-t-il insisté.
Intervenants, défenseurs et alliés LGBT regrettent les résultats du scrutin, mais l’offensive s’organise, avec des manifestations, ce 11 mars déjà, pour la réunion du conseil, à l’appel d’Upstate Pride SC, association LGBT+ locale, qui a aussi lancé une campagne pour « l’égalité et l’inclusion », relayée sur les réseaux par les hashtags « Let’s #HaltHate in #WaitTHATGreenville ».