Depuis les célèbres études publiées par le sexologue américain Alfred Kinsey en 1948 («Sexual Behavior in the Human Male») et en 1953 («Sexual Behavior in the Human Female»), connus sous le nom de «Rapports Kinsey», on se réfère régulièrement à son estimation de 10% de la population qui serait «homosexuelle de manière prédominante entre les âges de 16 et 55 ans».
Mais, relate le Pacific Standard, il se pourrait que cette estimation soit en-deça de la réalité. Une nouvelle étude publiée par le Bureau national de la recherche économique des Etats-Unis établit en effet que la population attirée, pas nécessairement exclusivement, pas les personnes de même sexe, constituerait plutot 20% de la population.
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L’originalité de cette étude est méthodologique. Les chercheurs ont utilisé une méthode dite «voilée», explique le Pacific Standard. Une partie de l’échantillon des 2.516 participants a du répondre directement à la simple question «Vous considérez-vous comme hétérosexuel?» 11% seulement ont répondu «non», validant ce qu’on savait déjà.
Mais une autre partie de l’échantillon a été soumise à un questionnement détourné: on leur a demandé d’évaluer sur une échelle de 0 à 4 leur accord avec l’affirmation «Je me considère comme hétérosexuel». Or, 19% des répondants ne se sont pas positionnés sur une des extrêmes du spectre proposé…
Pour les chercheurs, ces conclusions ne doivent pas être considérées comme représentatives de la population américaine. Leur but est «de comprendre les manières par lesquelles les sondages et autres tentatives de mesurer de telles réalités peuvent être légèrement trompeurs».
Et qu’en est-il en France? L’enquête de l’Inserm «Contexte de la sexualité en France», menée sur plus de 12.000 personnes et citée dans un article de Rue89, établissait en 2007 que 4% des gens déclaraient avoir déjà eu des pratiques homosexuelles. Mais la proportion des enquêté(e)s se définissant comme homosexuel(le)s tombait à 0.5% pour les femmes et 1,1% pour les hommes.
Kinsey avait lui-même mis en garde contre une tentative de mesurer chaque type de population. Plutôt que de compter les hétéro, bi ou homosexuels, il avait établi une échelle à plusieurs degrés, estimant qu’il existait un continuum plutôt qu’une séparation nette entre deux populations, l’une hétéro et l’autre homosexuelle.