Brandissant des affiches proclamant «Retire ta croix de mon utérus !», un millier de personnes ont manifesté samedi à Rio en faveur de l’avortement et du mariage gay sur la plage de Copacabana, devant des milliers de jeunes pèlerins catholiques.
Dans cette «marche des salopes» convoquée sur Internet, se mélangeaient des hommes vêtus en femmes et des femmes en soutien-gorge, short et talons aiguilles, la bouche maquillée en rouge vif. Des milliers de pèlerins qui affluaient sur la plage pour participer à la veillée géante de prières avant la messe de clôture, dimanche, des Journées mondiales de la jeunesse, ont croisé la manifestation, certains atterrés.
«Nous croyons que le pape a les moyens d’utiliser toute cette solidarité qu’il dit éprouver pour considérer les femmes comme ses égales», a déclaré à l’AFP Gisèle Barbosa, une professeur d’histoire de 31 ans, du mouvement «Catholiques pour le droit de décider !» qui défend l’avortement. Sur les trottoirs aux petits pavés noirs et blancs du bord de mer gisaient des morceaux de crucifix cassés par les manifestants.
Certains pèlerins ramassent outrés les morceaux de bois : «c’est absurde; ils ne peuvent pas nous manquer de respect comme ça !», dit une jeune femme. «Nous voulons montrer à tous ceux qui ont les yeux tournés vers le Brésil à cause du pape que c’est un pays où les femmes ont très peu de droits, où il semble normal de se faire agresser et où l’avortement est loin d’être garanti», déclare Ana Carolina Castro, 24 ans, en short et talons hauts.
Gabriela Mayall, 25 ans, est venue avec sa fille Flora, âgée de 4 ans, participer à la marche qui devait aller jusqu’à la plage d’Ipanema. «Elle doit voir que ce monde est plein d’injustice contre les femmes, que les petites filles ne sont pas seulement des princesses», dit-elle.
Habillé en femme avec un collier de perles, Erick Araujo manifeste en faveur des droits de la femme. «L’oppression qui existe depuis toujours doit avoir une limite; nous sommes en 2013 et les femmes luttent pour la même chose depuis 1960», déplore-t-il.
Pour l’heure, l’avortement, est seulement autorisé au Brésil en cas de viol jusqu’à huit semaines de grossesse ou quand la vie de la mère est en danger.