Ce matin, en lisant la presse, il y a cette phrase :
« Ta gueule, sale pédé ! Regarde moi dans les yeux si t’as des couilles ! »
C’est ce que quatre types, crânes rasés, ont lancé à Yoann, le patron du Vice Versa, bar gay à Lille, avant de le frapper. On se dit que ça fait beaucoup. C’est la seconde fois en une dizaine de jours qu’une agression homophobe fait les gros titres de l’information.
Ce mercredi soir, Yoann, son associé, son serveur et certains clients ont été agressés. Les agresseurs, impressionnés par la foule du bar et de celui d’en face, ont fini par prendre la fuite. La police a pu les rattraper, selon le témoignage de Yoann dans La Voix du Nord.
« On est en danger »
Sur France Info, il a affirmé que la radicalisation du débat sur le mariage pour tous pourrait expliquer cette violence :
« C’est clairement de l’homophobie. Il y a un contexte dans lequel, tout ce qui est homosexuel, lesbien, gay, on est en danger. »
La fédération LGBT a elle aussi accusé le Printemps français et la Manif pour tous d’être responsables de cette nouvelle agression. A Paris, le 7 avril, un couple homosexuel avait été passé à tabac :
« Ce nouvel épisode de violences homophobes est directement le fruit de la montée de la haine, de l’intolérance, et de l’homophobie en France, conséquences d’un climat général cultivé par les opposants prétendant lutter contre l’ouverture du mariage et de l’adoption, alors qu’ils ne renvoient les personnes et les couples homosexuels qu’à une sous-citoyenneté, aux droits inférieurs. »
Des manifs de plus en plus violentes
Il est vrai que le débat s’est considérablement dégradé ces dernières semaines – le terme « débat » semble d’ailleurs tout à fait inapproprié pour évoquer un face-à-face de plus en plus virulent et violent.
Mercredi soir, devant l’Assemblée Nationale, après une manifestation des anti rassemblant entre 2400 et 8000 personnes (chiffres police et organisateurs), une minorité a tenté de franchir des barrages policiers pour tenter de s’introduire dans l’hémicycle. Bilan : onze interpellations, des dégradations et une équipe de journalistes prise à partie.
Ces scènes d’échauffourées en marge de rassemblements sont désormais quotidiennes et rien n’indique qu’elles sont en voie de disparaître.
Au contraire, ces violences ne sont pas condamnées par les partis politiques qui soutiennent les manifestants (ou du bout des lèvres) et les appels à maintenir la pression se poursuivent.
Quitte à faire dans le n’importe quoi. Camille Bedin, jeune responsable poliqiue à l’UMP, menace ainsi, au côté de l’inconnu « Collectif des mères », de mettre en place une « chaîne de la grève de la faim partout en France » pour protester contre l’égalité des droits.