Camille (nom d’emprunt) est né avec des caractéristiques sexuelles masculines et féminines. Il a subi sept opérations durant l’enfance afin de le faire « devenir » homme, dit-il, et a déposé une plainte contre quatre médecins et deux hôpitaux, pour « violences volontaires sur mineur ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ».
Une première en France qui pourrait conduire à un procès d’assises, selon 20minutes, qui rapporte l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Clermont-Ferrand.
« Mon intersexuation ne me mettait pas en danger de mort. Mais ça, on ne l’a jamais expliqué à mes parents », explique Camille. Mais pour les médecins, « il fallait forcément me faire entrer dans une case… Impossible de savoir ce que ma vie serait devenue sans les interventions. Le plus violent, c’est qu’ils ont pris la décision et c’est à moi d’en payer le prix ».
Il a attendu d’avoir 36 ans pour comprendre qu’il avait été « mutilé », assure-t-il. « Je veux maintenant éviter cela aux autres enfants. »
En mars 2017, François Hollande a demandé que soient interdites les opérations chirurgicales menées sur les enfants en situation d’intersexuation. « Elles sont de plus en plus largement considérées comme des mutilations », avait-il même estimé, après que le Sénat ait recommandé l’indemnisation des personnes, qui souffrent des conséquences d’opérations réalisées durant leur plus jeune âge.
Il n’est pas le seul à le réclamer. « Le comité contre la torture de l’ONU, en mai 2016, et le Conseil de l’Europe, en octobre 2017, ont pris exactement la même position, précisent Benjamin Pitcho et Mila Petkova, les avocats qui défendent Camille. Mais les médecins semblent sourds… »
Les parents de Camille étaient, eux, profanes en matière de médecine. « Mon état ne leur a donc jamais été expliqué dans un langage clair et compréhensif », poursuit le plaignant. C’était en 1979. « Aujourd’hui, je pense qu’il est temps de dire aux médecins qu’ils sont hors-la-loi ! »