Avec bien dix ans de retard, l’Italie est depuis quelques jours le théâtre de virulents débats sur l’union civile des couples homosexuels, alors qu’une proposition de loi parlementaire arrive ce jeudi 28 janvier au sénat. Depuis 1986, les projets se sont en effet succédé, mais tous ont été enterrés. Et ce nouveau texte, ouvrant droit à la pension de réversion et à la possibilité d’adopter sous conditions les enfants naturels de son conjoint et de choisir un nom en commun, ne fait pas exception et divise profondément la majorité.
Mais, si de nombreux élus d’opposition semblent prêts à voter la proposition, l’aile catholique de la majorité gouvernementale de centre-gauche de Matteo Renzi, y est opposée, encouragée par la droite traditionnelle. Quelque 6 000 amendements ont d’ailleurs été déposés, dont un formulé par des élus chrétiens, qui prévoit une peine allant jusqu’à deux ans de prison et un million d’euros d’amende pour tout Italien ayant recours à la gestation pour autrui, y compris dans un pays où elle est légale, et jusqu’à 12 ans de prison pour toute personne « organisant, favorisant ou promouvant » la pratique.
Officiellement le Premier ministre affirme vouloir passer outre ces antagonismes, qui se retrouvent au sein de la société : 46% des Italiens sont favorables au texte, 40% s’y opposent, le reste ne tranche pas. Tous les espoirs sont donc permis.
Marco et Giampietro, conjoints et parents de jumeaux nés grâce à une mère porteuse aux USA, espèrent donc que cette fois-ci leur statut sera enfin reconnu, davantage pour garantir des droits à leurs enfants que pour eux-mêmes. Et, comme ces dizaines de milliers d’Italiens qui auront manifesté à travers le pays pour soutenir la proposition, ils appellent le pays à se réveiller : « La société est prête » mais le débat s’annonce houleux.
« L’adoption représente une sorte de protection, d’assurance », justifie Marco. « Si quelque chose de grave se produisait, comme une séparation ou un décès, en particulier le mien, la famille resterait quand même unie… En l‘état actuel du texte, il s’agit d’une adoption très limitée. Mon compagnon serait le père légal de David et Dennis. Mais ses parents n’en seraient pas les grands-parents légaux. C’est donc une adoption partielle et non complète. » Et, ce droit à l’adoption, il aimerait le voir aussi étendu aux célibataires.
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De leur côté, les opposants prévoient une démonstration de force samedi prochain. Mais, si le projet déchire la classe politique, les partisans maintiennent la mobilisation. La dernière campagne en date, initiée par des associations de défense des droits des femmes, invite ainsi le Parlement à ne pas céder aux « compromis moyenâgeux » pour le bien commun et pour tous les Italiens.
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Joëlle Berthout
stophomophobie.org