Des dizaines de manifestants d’extrême droite se sont rassemblés, ce 31 octobre, devant le siège de la Fédération géorgienne de football, à Tbilissi, la capitale, pour réclamer la démission du capitaine de la sélection nationale, Guram Kashia.
Également défenseur de l’équipe néerlandaise de « Vitesse Arnhem », le joueur a participé à une campagne pour promouvoir la diversité dans le football, arborant, ce dimanche 15 octobre, à l’occasion du « Coming Out Day » aux Pays-Bas, un brassard arc-en-ciel, lors d’une rencontre avec l’opposant « Heracles Almelo ».
Si depuis l’an 2000 l’homosexualité n’est plus un crime en Géorgie, la grande majorité de la société, fondée sur les valeurs de l’orthodoxie chrétienne, se montre peu disposée à la tolérance envers les personnes LGBTI.
Une trentaine d’agressions violentes ont été recensées l’année dernière, en lien avec l’orientation sexuelle, le pays, ex-république soviétique, à la 33ème place, sur 49, du Rainbow map 2017 d’ILGA-Europe, ne reconnaissant en outre aucun droit aux couples de même sexe.
Ce soutien de la star nationale pour l’égalité, salué dans le monde comme une démarche audacieuse et inédite pour l’Europe de l’Est, aura donc d’autant plus stimulé la colère des extrémistes qui ont réclamé sa suspension.
La manifestation de mardi a d’ailleurs tourné à l’émeute. Les participants ont brûlé des drapeaux arc-en-ciel, arrosé le centre-ville de fumigènes et d’injures homophobes. Au moins huit personnes, ultranationalistes, membres de la « Marche des Géorgiens », qui avait incité à l’action, plaidant la « pureté du peuple », ont été arrêtées pour violences et hooliganisme.
Mais Guram Kashia, élu deux fois meilleur joueur géorgien de l’année, et qui n’envisage pas non plus d’abandonner son équipe nationale, a réagi sur la chaîne hollandaise, NOS, réitérant sa volonté d’œuvrer pour une évolution des mentalités, fier de ses engagements.
Le président, Giorgi Margvelashvili, lui a renouvelé son soutien, tout comme des milliers d’internautes, appelant à respecter les droits de l’homme et la liberté d’expression de chacun.
Selon un sondage d’opinion réalisé en 2011 par le Caucasus Research Resource Center (CRRC), 87% des géorgiens interrogés jugeaient l’homosexualité « injustifiable ». Des avancées légales ont néanmoins été obtenues ces dernières années, en dépit de l’opposition de l’Eglise orthodoxe géorgienne, dont l’adoption d’une loi « sur l’élimination de toutes les formes de discrimination », même si les ONG regrettent notamment un manque de zèle dans ses applications.
Terrence Katchadourian
stophomophobie.com