Comment dire à un garçon que vous l’aimez, lorsqu’il est votre meilleur ami, et que vous partagez déjà en partie sa vie ?
« Salut Sam, j’espère que tes parents ne se sont pas encore entre-tués. Je suis gay et toi ? Est-ce que tu veux qu’on se serre dans les bras ? »
Imaginez que vous soyez un des ces ados américains qui choisissent l’option « langue française » pour apprendre des mots dont vous ne comprendrez probablement jamais véritablement le sens, mais qui semble bien faire « effet » sur les filles lorsque vous draguez, ou qui vous apparaît bien utile pour vous embarquer dans ce mythe « à la chasse des petites européennes » ? Et si vous êtes homo, ça marche aussi ?
Enfin, vous n’osez pas encore vous l’avouer ou en parler tout court. Mais si pendant une interro surprise, on vous demande de décrire votre ami, ce meilleur pote. Et qu’au fur et à mesure, alors que ça cogite question explication de texte, grammaire et vocabulaire vous finissiez par réaliser qu’en vérité vous l’aimez… mais vraiment ? Pas parce qu’il est votre « best friend » mais parce qu’il donne un sens à votre vie, qu’il fait battre votre cœur, et révèle le meilleur de vous. Que vous êtes prêt à vous investir totalement parce que vous souhaitez le rendre heureux. Ce serait ça l’amour ?
Comprendre l’autre, lui découvrir toutes ces choses qui vous dévoilent un sens dans ce grand vide de nos responsabilités et s’émanciper pour se construire sainement. Même en étant homosexuels ? Toutes ses libertés dont nous sommes privés parce que les regards inquisiteurs qui nous répriment, quand bien même nous sommes forts… mais peut-être qu’à deux, nous le serions davantage…
Pas mal de questions, et un devoir de classe qui aboutit finalement à une très belle réalisation, une très belle prestation… une réflexion franchement originale qui aborde le « coming-out » d’un adolescent comme tous les autres, qui se découvre amoureux, en conflit sans doute aussi, et qui a peur. Peur de transgresser. Peur de la réaction de l’intéressé… l’élu. Qui a peur de la réaction de son entourage, de ses amis…
« Mais ce n’est pas parce qu’il est un garçon ou que je sois gay. C’est juste que voilà. C’est juste lui. Coïncidence ? J’ai peur qu’il me déteste si je lui demande de m’embrasser. Qu’il pense que je sois un sale type. Suis-je mauvais ou « spécial » ? Je veux le meilleur pour Sam. Mais je le veux aussi pour moi. Et je veux être le meilleur pour lui. Serait-ce de l’égoïsme que de vouloir l’aimer ? De le lui faire savoir ? Il se confie à moi, pourquoi ne pourrais-je pas le faire également ? Nous sommes les meilleurs amis, n’est-ce pas ? Parce que « Charlie est une tapette » ? On entend souvent les gens ici et là répéter que c’est étrange, ou pas très « normal » mais n’est-ce pas justement le concept de l’Amour ? « Transcender » la normalité pour en faire quelque chose de « spécial » ? »
Ah c’est compliqué les devoirs de français. Et pourquoi pas faire court, et lui écrire simplement : « Mon Cher Samuel…. Je t’aime ? »
Ce film est écrit et joué par Kim Ho, âgé de 17 ans lors du tournage. Il est réalisé par Laura Scrivano et produit par notre ami, et membre de la page Dan Prichard, pour la compagnie de théâtre australienne « Australian Theatre for Young People« .
C’est une excellente méthodologie d’approche, un monologue intelligent, salué par les critiques, et par des personnalités telles que Ellen DeGeneres ou Stephen Fry. On sent le vécu. Une introspection et « outil pédagogique » qui mérite d’être largement diffusé, notamment dans nos écoles.
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En un seul mot : Félicitations !
Terrence Katchadourian
STOP HOMOPHOBIE