Cette semaine, l’actrice canadienne était à Paris pour présenter son dernier film, « Free Love », prévue en salles le 10 février prochain : « une aventure extraordinaire, le combat de deux femmes américaines qui pourrait-être le mien… »
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Inspiré du documentaire de Cynthia Wade, Freeheld, sorti en 2007, le long métrage porté à l’écran par le duo Ellen Page – Julianne Moore, retrace l’éprouvant parcours juridique d’un couple homosexuel dans les années 2000. Deux femmes qui tombent éperdument amoureuses, fondent un foyer, mais dont la vie va basculer, le jour où Laurel Hester, lieutenant émérite dans la police du New Jersey, est diagnostiquée d’un cancer en phase terminale. Une nouvelle d’autant plus dramatique que sa hiérarchie refuse que Stacie, sa compagne, prétende aux droits habituellement réservés aux conjoints d’officiers décédés.
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Une bataille acharnée devant les tribunaux et une expérience sur laquelle la comédienne de 28 ans est revenue, invitée sur le plateau du Grand Journal de Canal+.
C’est votre premier film depuis que vous avez fait votre coming out. Hasard de calendrier ou acte militant ?
« Un peu des deux je crois. J’ai participé à ce film depuis le début, depuis 2008. J’avais 21 ans. Et j’ai voulu jouer Stacie. A l’époque je n’avais pas encore révélé mon homosexualité. Et mon parcours personnel s’est déroulé en même temps que le processus du film. Ce sont des personnes comme Laurel et Stacie, qui vous poussent à faire les bonnes choses et prendre les bonnes décisions pour vous même et toute la communauté… Etre quelqu’un d’heureux en fait. »
Au départ, c’est un documentaire sur l’histoire d’amour de ces deux femmes, qui vous aura fait fondre en larmes…
« Si vous avez l’opportunité de le voir, vous verrez à quel point ce que ces deux femmes ont vécu est déchirant. Elles ont été privées de leurs droits, on leur a dit que leur amour n’était pas valable, qu’elles étaient inférieures à d’autres. Elles se sont battues pour l’égalité et ont contribué au mouvement en Amérique, et j’en suis très reconnaissante. »
C’était dans les années 2000… Treize ans plus tard, le mariage pour les couples de même sexe est entré en vigueur dans l’état du New Jersey. Elle est longue cette route. C’est un combat encore et toujours ?
« Oui, absolument. Il reste encore des combats à mener. Dans de très nombreux états aux Etats-Unis, on peut encore être licencié parce qu’on fait partie de la communauté LGBT. Les femmes trans aux Etats-Unis ont une espérance de vie de 35 ans. Il faut bien savoir qu’il existe toujours des problèmes. Évidemment l’égalité et le mariage pour tous c’est formidable, une étape très importante, mais il reste encore beaucoup de choses à faire.»
La France autorise le mariage pour tous depuis 2013. Mais l’opposition a été extrêmement violente. Ça vous a surpris ?
« J’ai justement participé cette année à une émission avec Vice (un tour du monde des droits de la communauté LGBT sur HBO), avec mon ami qui est également homosexuel et donc nous avons été confrontés à différentes expériences… de la haine… »
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En février 2014, Ellen Page livrait un discours bouleversant lors de la conférence Time To Thrive à Las Vegas. Emue, elle déclarait : « Je suis ici aujourd’hui parce que je suis gay. Je peux changer les choses. Pour aider les autres à vivre une vie plus simple et avec plus d’espoir. Aussi parce que je sens que j’ai une obligation personnelle et une responsabilité sociale. Je le fais aussi égoïstement, parce que je suis fatiguée de me cacher et fatiguée de mentir par omission. J’ai souffert pendant des années parce que j’avais peur d’être ‘découverte’. Mon esprit en a souffert, ma santé mentale en a souffert et mes relations en ont souffert. Et je me tiens ici aujourd’hui, avec vous toutes et vous tous, de l’autre côté de la barrière de cette douleur. Je suis jeune, oui, mais j’ai appris que l’amour, sa beauté, sa joie et même sa douleur, est le plus incroyable cadeau qu’un être humain puisse donner et recevoir. »
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Terrence Katchadourian
@stop_homophobie