Une personne sur 100.000 en France naît chaque année avec des organes génitaux indifférenciés, c’est à dire avec des caractéristiques génétiques, physiques et hormonales mélangeant masculin et féminin. Au terme d’hermaphrodite, la médecine a préféré, au XXe siècle, le nom d’intersexe. Ils forment une communauté qui ne bénéficie d’aucun véritable statut légal, social voire médical.
Cela concerne 8000 nouveau-nés par an, dont 2000 sont opérés arbitrairement pour « préciser le sexe ». C’est un des derniers « tabous ». L’ONU a pourtant inscrit ces opérations sur la liste des tortures, pour le conseil de l’Europe ce ne sont rien d’autre que des mutilations génitales.
A Strasbourg, le forum européen de bioéthique s’est penché sur cette question : qui décide de définir le genre ? Pour en discuter, des chirurgiens, des historiens, des juristes et Vincent Guillot, co-fondateur de l’Organisation Internationale des Intersexes (OII).
Au début des années 1990, les premières personnes à avoir subi ces modifications corporelles ont pris la parole pour dénoncer ces mutilations. « De vraies tortures », affirme Vincent Guillot pour l’avoir lui-même vécu dans sa chair.
« Mes parents m’amenaient à l’hôpital et je ne savais même pas pourquoi. J’ai subi de très lourdes opérations. Depuis, je souffre d’infections urinaires, je souffre de lésions neuronales ». Vincent estime qu’il faut « accorder à l’enfant le droit à l’autodétermination. Qu’il puisse dire « Je me sens fille », « Je me sens garçon » ou encore « Mon corps me convient » ». C’est ce qu’a fait la Suisse depuis dix ans…
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Bioéthique / Ambigüités sexuelles : Qui décide de définir le genre ?
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