L’homophobie n’a pas seulement un impact mental. Elle dégrade aussi la santé des hommes gays et bisexuels. D’après une étude parue dans AIDS et menée en Europe, les pays les plus homophobes limitent l’accès aux soins liés au VIH dans la population des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH).
Les auteurs de cette étude ont interrogé par Internet plus de 170 000 hommes gays ou bisexuels dans 35 pays d’Europe, dont l’Allemagne, la France, la Serbie, la Russie ou la Turquie.
« Nos résultats suggèrent que le risque de VIH n’est pas vraiment la conséquence d’un échec personnel, mais plutôt déterminé par les législations nationales, les politiques et les attitudes envers l’homosexualité », explique le premier auteur, John Pachankis.
L’attitude vis-à-vis de l’homophobie est très variable selon les pays. Les moins tolérants réduisent de 30 % la probabilité d’être diagnostiqué. Les homosexuels sont aussi plus nombreux – 14 à 52 % selon les pays – à ne pas être bien renseignés sur le VIH, à ne pas parler de leur sexualité avec un professionnel de santé, à ne pas porter de préservatif ou ne pas avoir réalisé de dépistage.
Autre résultat inattendu : les hommes gays ou bisexuels qui vivent dans un pays homophobe ont moins de partenaires et sont – mécaniquement – moins exposés au VIH. Une situation inverse à un pays comme la France, où les homosexuels sont trois fois plus à risque que les hétérosexuels. Mais cela ne doit pas encourager les pays à maintenir une législation stricte, insistent les auteurs : cette attitude d’intolérance empêche les concernés d’accéder à une information et aux services adéquats.