D’où vient le virus du sida? La réponse à cette question cruciale est plus complète que jamais ce lundi, avec la publication dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences d’une étude internationale menée par l’Institut de recherche pour le développement (IRD, cocorico) qui finit d’élucider l’origine de toutes les souches du VIH-1.
On ne le sait pas toujours, mais il y a plusieurs virus du sida affectant l’homme: le VIH-1 et le VIH-2. Si ce dernier n’est pas très répandu, surtout hors d’Afrique, le VIH-1 est responsable de l’immense majorité des infections dans le monde. Il se divise en quatre variantes génétiques: le M, qui infecte 99% des porteurs du virus, le N, le O et le P. On le sait depuis plusieurs années, le M et le N ont été transmis à l’homme par le chimpanzé -lors de la chasse ou de la préparation de viande de singe. On savait aussi qu’un autre singe, le mangabey, nous avait refilé le VIH-2. Mais pour ce qui est des souches O et P du VIH-1, le mystère restait entier. Or si le P n’a été détecté que chez deux individus, le O est porté par près de 100.000 personnes.
Chasse au caca de gorille dans la forêt
L’étude publiée ce lundi affirme que c’est un troisième singe, le gorille, qui a transmis ces deux variantes génétiques du sida à l’homme. Et pour arriver à ce résultat, la tâche n’a pas été mince: comme le raconte Martine Peeters, virologue à l’IRD, «ça a été un travail de longue haleine, sur des animaux protégés, dont il a fallu récolter les fèces dans les forêts». Une mission rendue d’autant plus difficile que les gorilles sont moins infectés par le sida que les chimpanzés.
Grâce à ces travaux, notre connaissance des différentes souches du VIH-1 et de leur origine simiesque est plus complète que jamais. Or, comme le rappelle la virologue, «il est important de comprendre pourquoi certaines souches réussissent, pourquoi les virus s’adaptent ou non à l’homme. Pour comprendre quelles zones et quels comportements sont associés à la transmission», et auxquels il faut faire attention.
Car même si la transmission du VIH du singe à l’homme est finalement rare, une quarantaine de singes en Afrique sont infectés chacun par leur propre virus de la même famille que le VIH. Seront-ils capables d’affecter l’homme? C’est la question, et des travaux sont en cours. Ils déboucheront sur de nouvelles études qui, à l’image de celle chapeautée par l’IRD et publiée ce lundi, continueront de renforcer notre connaissance d’un virus qui a déjà infecté 75 millions de personnes.