« Natachatte » et « Clitorine » forment un couple de femmes rock’n’roll, arrogantes et égoïstes. Le cœur arc-en-ciel, cher aux gays et lesbiennes, est détourné et le signe de l’égalité barré. Voilà un des visuels qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Il appelle à soutenir l’initiative du Parti démocrate-chrétien (PDC) le 28 février prochain, pour mettre un terme à « l’inégalité de traitement qui fait qu’à revenus égaux, certains couples mariés paient davantage d’impôts que des concubins ». Une initiative qui ancrerait dans la Constitution le mariage comme « une communauté économique d’un point de vue fiscal ». Mais qui aurait également pour conséquence de l’interdire aux couples de même sexe. Surprise : Il deviendrait « l’union durable et réglementée par la loi d’un homme et d’une femme ».
Ce visuel a été publié sur une page Facebook titrée « Artiste Mal Pensant », au milieu d’autres illustrations orientées extrême droite ou proche de l’UDC. Son caractère homophobe ne surprend pas Barbara Lanthemann, coprésidente de l’association Pro Aequalitate, qui regroupe les mouvements LGBTI de Suisse. « C’est assez trash, commente-t-elle, ils montrent leur vrai visage. » De son côté, Pro Aequitate va mener campagne contre l’initiative du PDC: « Si le peuple l’accepte, plusieurs années d’efforts en vue d’une ouverture du mariage civil pour toutes et tous seront anéanties. »
Mais le mariage n’est en fait pas l’objectif premier de l’initiative du PDC. Sa secrétaire générale, Béatrice Wertli, se veut d’abord prudente à propos des visuels homophobes : « Nous ne savons pas qui est là derrière. En tout cas cela ne vient pas de chez nous. »
Ensuite, la campagne du PDC n’entre pas sur ce terrain : « Notre principal argument est d’éliminer une discrimination fiscale pour les couples mariés qui est reconnue depuis 30 ans par le Tribunal fédéral », poursuit Béatrice Wertli. « C’est notre véritable objectif. En ce qui concerne la définition du mariage, le PDC a fait la proposition de l’enlever, qui n’a pas été retenue par les Chambres fédérales. Nos adversaires ont de multiples arguments, cependant les arguments les plus forts de cette initiative restent fiscaux. »
Le PDC, suivi ici par l’UDC, parviendra-t-il à cadrer la campagne pour qu’elle ne se transforme en un champ de bataille entre les pro et les antimariage pour tous ? Les premiers visuels laissent présager un débat assez clivant, à l’image de celui qu’a connu la France en 2013.
avec LeMatin.ch