Une amende de 3.000 euros a été requise mercredi contre l’abbé Xavier Beauvais, poursuivi pour injure publique raciale pour avoir lancé « Y’a bon Banania, y’a pas bon Taubira » lors d’une manifestation du mouvement catholique Civitas. Cette manifestation contre la « christianophobie » faisait suite au mouvement contre ce qu’il a appelé le « pseudo-mariage de la loi Taubira », le mariage homosexuel.
En soutane devant le tribunal, l’abbé, qui officie à la paroisse Saint-Pie X de Marseille après avoir été pendant onze ans curé de la paroisse intégriste de Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris, a plaidé l’ignorance.
N’ayant ni ordinateur ni téléphone portable, ne lisant pas les journaux, ne regardant pas la télévision, il a soutenu qu’il ne connaissait pas la connotation raciste de l’ancien slogan de la marque de chocolat en poudre. Selon lui, Banania faisait référence à la famille, « parce que la loi qu’elle a réussi à faire passer est un élément de destruction de la famille ». Il a ajouté que le tirailleur sénégalais « s’est battu pour la France » tandis que, de son point de vue, la ministre de la Justice se bat contre. « Je ne suis pas raciste, c’est contraire à ma religion« , a-t-il assuré.
L’avocat du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), qui avait signalé les faits, a estimé qu’il s’agissait d’une « injure à l’égard de l’ensemble des gens de couleur ». Estimant qu’il s’agissait bien d’une injure raciale caractérisée, la représentante du parquet a quant à elle rappelé que « Y’a bon Banania » était « critiqué dès les années 70 pour véhiculer un stéréotype raciste ».
L’avocat de l’abbé Beauvais, Me Jérôme Triomphe, a quant à lui plaidé la relaxe et a défendu l’idée « que toute mise en cause de Madame Taubira est interdite parce qu’elle est noire », « ces poursuites sont des poursuites racistes, elles réduisent Madame Taubira à la couleur de sa peau ». Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 19 mai.
Un incident a eu lieu après l’audience. Alors qu’il filmait le public sortant de la salle, un journaliste de France Ô (France Télévisions) a reçu un coup de poing de la part d’un homme venu soutenir l’abbé Beauvais.
Le journaliste Mourad Bouretima, qui va déposer plainte, a expliqué qu’un homme a tiré le fil de la caméra, le faisant basculer en arrière, qu’il a porté un coup de pied pour se dégager avant de recevoir un coup de poing au visage.
L’auteur présumé du coup de poing a été arrêté par les gendarmes. La femme de celui-ci, qui n’a pas souhaité donner son nom, a quant à elle affirmé que le journaliste a « donné deux coups de pieds dans les parties de (son) époux ».
avec AFP