La victoire controversée du président Mugabe se traduit par cinq ans supplémentaires à vivre dans la peur pour la communauté LGBT, selon des militants.
« Ces dernières années ont été très compliquées. Les gays ont été la cible des politiques, surtout de Mugabe, et par extension, de la police. C’était une stratégie pour gagner des votes », pour un artiste zimbabwéen maintenant réfugié en Afrique du Sud.
» Pour la sécurité de ma famille, je préfèrerais que vous ne donniez pas mon nom : ma mère ne sait toujours pas qui je suis, et c’est la même chose pour la communauté dans laquelle elle vit », ajoute-t-il.
“Leur couper la tête”
L’homosexualité est un sujet très sensible au Zimbabwe. Aucun parti politique n’a jamais soutenu les homosexuels. Mais le parti de Mugabe, Zanu PF, a toujours été clair sur le sujet : il ne veut pas d’homosexuels dans le pays car ils « perturbent le socle de la morale africaine ».
Dans les rassemblements électoraux de Mugabe, le candidat de 89 ans avait déclaré que les gays étaient « pire que des porcs, les chèvres et les oiseaux ».
« Si vous prenez des hommes, les enfermez dans une maison pendant cinq ans, que vous leur dites de faire deux enfants, et qu’ils échouent, alors nous leur couperons la tête » a-t-il déclaré de manière assez cryptée à ses militants.
L’association pro-LGBT la plus en vue au Zimbabwe, “gays et lesbiennes au Zimbabwe” (GALZ) dit craindre pour la sécurité de ses membres.
« Pour bien comprendre dans quel environnement les personnes LGBT évoluent, il faut comprendre l’enjeu autour de la “souveraineté” telle que Mugabe et ses alliés la présentent : qu’ils sont les seuls et authentique remparts contre toute intrusion du monde occidental. Zanu PF a intégré avec beaucoup de succès une homophobie populiste dans son discours et agite les notions de nature “non africaine” et “d’horreur” de l’homosexualité dans son discours sur la souveraineté. »
« Ainsi, en même temps que le pouvoir assène que les exigences en termes de droits de l’homme et de saine gouvernance sont motivées par une volonté de changement de régime de la part de l’Occident, et donc interfèrent avec la souveraineté du pays, l’homophobie au Zimbabwe crédibilise ce discours » a récemment déclaré GALZ.
« La police nationale du Zimbabwe détourne régulièrement les yeux sur les abus et les violences commis à l’encontre des personnes LGBT, et contribuent ainsi à un sentiment d’impunité très largement répandu » selon GALZ.
Cependant, le combat pour les droits des homosexuels continue. Un important militant gay, Peter Tatchell à travers sa “Fondation Peter Tatchell” et le mouvement LGBT africain “Out & Proud Diamond group” sont solidaires des homosexuels souffrant des persécutions en Afrique.
« Ces chasses aux sorcières et les lois répressives vont à l’encontre des garanties d’égalité et de non discrimination pour tous les citoyens, qui sont inscrites dans la constitution de plusieurs pays africains et dans la charte africaine des droits des peuples et de l’homme » pour Tatchell.
Bien que Mugabe ait promis de ne jamais céder, il sent la pression.
La plus grande menace pour la légitimité de Mugabe et son maintien au pouvoir est l’économie. Le Zimbabwe a un fort taux d’alphabétisation, mais le pays reste confronté à un niveau de chômage élevé. Plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté.
Lors d’un de ses meetings, Mugabe a déclaré qu’il avait refusé l’aide humanitaire des États-Unis : « Obama, cette homme né d’un père africain et d’une mère blanche nous a dit que les États-Unis ne peuvent fournir une aide financière que si notre pays accepte l’homosexualité » a-t-il déclaré.
Mais bien que vivant dans une atmosphère si négative, plusieurs gays croient à une évolution qui se produira dans un avenir proche au Zimbabwe.
« Au Malawi et en Afrique du Sud, les gays ne sont pas interdits, et ça, au moins, est un signe d’espoir » pour l’artiste réfugié en Afrique du Sud.
>> Avec un taux de chômage estimé à plus de 90 % et plus de 4.000 personnes décédées récemment de l’épidémie de choléra, le Zimbabwe va très mal contrairement aux finances de son président Robert Mugabe. Selon, en effet, le journal anglais Sunday Times du 15 février 2009, le chef de l’Etat zimbabwéen se serait offert une somptueuse villa de plus de 5 millions de dollars dans un quartier résidentiel de la ville de Hong Kong.
Selon l’enquête du Times, c’est Madame Mugabe qui s’est occupée de l’achat de la villa. Robert Mugabe serait pour l’instant le premier président africain à s’offrir une résidence dans ce quartier huppé de Hong Kong après avoir tissé d’importants réseaux financiers dans plusieurs pays de l’Asie du Sud-est. Informé, le nouveau premier ministre Morgan Tsvangirai, qui a formé un gouvernement d’union avec son rival historique à la mi-février, devrait, selon certaines informations, ordonner une enquête pour vérifier la réalité de cette opération jugée « inadmissible » par le leader du parti conservateur anglais David Cameron lors d’une émission télévisée sur la chaine publique britannique BBC.
Il faut dire que Mugabe n’a pas l’air d’avoir des scrupules face à la misère de sa population. Il a, en effet, fêté avec faste son anniversaire le 21 février dernier. Plus de 250.000 dollars auraient été dépensés en dépit du fait que la majorité de Zimbabwéens dépendent de l’aide alimentaire internationale pour survivre. Pire, quelquefois cette aide n’arrive pas à destination car confisquée par des policiers.
T.G. avec Radio Netherlands Worldwide, via AllAfrica (Pays Bas, anglais) – article source traduit de l’anglais.